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Desolé, voilà une petite histoire pour patienter:

Perceval - Le Conte du Graal

C’était au temps que les arbres fleurissent, que les bocages se couvrent de feuilles et les prés d’herbe verte, alors que dès l’aube les oiseaux chantent doucement en leur latin et que toute créature s’en­flamme de joie. Le fils de la dame veuve, au coeur de la Gaste Forêt solitaire où elle a sa demeure et son domaine, se leva, vivement mit la selle sur son cheval de chasse et prit trois javelots. Ainsi équipé, il sortit du manoir de sa mère et se dit qu’il irait voir les herseurs de la dame, à l’oeuvre dans les avoines avec leurs douze baeufs et leurs six herses. Il entre donc en la forêt et, tout aussitôt, son coeur se réjouit en lui pour la douceur du temps et le joyeux ramage des oiseaux . car tout cela lui plaisait.

Il fait si beau et si calme qu’il ôte le frein de son cheval et le laisse errer à son gré et paître par la jeune herbe verdoyante. Et lui, habile qu’il était à darder le javelot, il allait lançant de tous côtés ceux qu’il portait en avant, en arrière, en haut, en bas, tant qu’il entendit, dans les profondeurs du bois, des chevaliers qui venaient, armés de toutes pièces. Ils étaient cinq, menant grand bruit de leurs armes qui se heurtaient à tout instant aux rameaux des chênes et des charmes ; les lances frappaient contre les écus, les mailles des hauberts cris­saient, le bois des lances résonnait, et le fer des écus et des hauberts. Le valet l’entend, mais ne voit pas ceux qui s’approchent à vive allure. Il s’en étonne grandement - Sur mon âme, ma dame ma mère ne m’a pas menti. Rien de plus terrifiant que les diables, m’a-t-elle dit, et pour se garder d’eux il faut bien vite faire sur soi’ le signe de la croix. Me voilà averti, mais je n’entends pas de cette oreille ; se signe qui voudra ; moi, je vais choisir le, plus fort d’entre eux et le férir d’un de mes javelots. Je ne crois pas qu’après cela aucun des autres ait grande envie de s’approcher de moi.